Des centaines de salariés "en lutte" de l'usine Goodyear d'Amiens-Nord faisaient route en bus mardi matin vers le siège de l'entreprise en région parisienne, où doit être discuté l'avenir du site, promis la fermeture.
Montés bord de treize bus affrétés par la CGT -- majoritaire 86% --, environ 750 salariés selon le syndicat ont quitté le parking de leur usine peu avant 06H30, en direction du siège social du fabricant de pneumatiques américain Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine), où se tient un comité central d'entreprise (CCE).
La direction de Goodyear doit préciser les modalités de son projet de fermeture de l'usine d'Amiens-Nord qui menace 1.173 emplois, annoncé le 31 janvier.
"Nous allons faire entendre notre colère après l'annonce. C'est une mobilisation très forte. Tout le monde est mobilisé pour garder son emploi", s'est réjoui Franck Jurek, délégué CGT, avant le départ du cortège.
"Nous partons faire du bruit, simplement, pas pour casser", a-t-il poursuivi, alors que le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, s'est inquiété des risques "d'implosion ou d'explosions sociales" face la montée du mécontentement social.
"On est toujours mobilisés contre le plan de licenciements. On reste au taquet. Comme d'habitude, on est tous ensemble, c'est notre devise", s'est exprimé Didier Lombard, 42 ans.
"On part confiant. C'est un projet de fermeture, et ça restera un projet. On est habitués, c'est la cinquième annonce" de ce type, a ajouté cet ouvrier chez Goodyear depuis 19 ans, arborant comme de nombreux de ses collègues un tee-shirt rouge où il est inscrit "Non aux licenciements" et "Goodyear patrons voyous".
"Ca fait six ans qu'on dit que l'usine va fermer et elle ne ferme pas. On veut montrer la direction qu'on est présents et qu'on n'a pas peur d'elle", a déclaré Mickaël Mallet, délégué (CGT) du personnel.
Des salariés de nombreuses entreprises en difficulté -- PSA, ArcelorMittal, Sanofi, et celles réunies au sein de l'association Licenci'elles -- doivent également converger devant le siège de Goodyear pour une journée de mobilisation contre les plans sociaux en cascade.
Tous réclament une loi contre les licenciements boursiers dans les entreprises qui réalisent des bénéfices, une promesse de campagne du président François Hollande.